Avez-vous besoin d’une détox numérique?


 

Il est à parier que vous êtes en train de lire cet article à l’aide de votre tablette, de votre ordi ou de votre téléphone intelligent, et qui plus est,ce n’est ni le premier ni le dernier document de tous ceux dont vous prendrez connaissance aujourd’hui grâce à vos appareils. Alors, il est donc un peu ironique que notre propos, ici, porte justement sur les dommages causés à nos relations interpersonnelles et notre qualité de vie, par la somme de temps que chacun d’entre nous passe « en ligne ».

Les Canadiens, jeunes et vieux, passent un temps fou branché sur les médias. La moyenne journalière est de plus de 8,2 heures et les effets de pareille « connectivité » sont cumulatifs. Depuis longtemps déjà, la Société Canadienne de Pédiatrie tente de sensibiliser les parents relativement au temps que passent les enfants devant les écrans. De nombreuses études sont parvenues à faire une corrélation entre les difficultés d’apprentissage et une consommation excessive de temps d’écran. Ils ont d’ailleurs publié en juin 2017 des directives selon lesquelles l’abstention devrait être totale pour les enfants de moins de deux ans et d’une heure par jour pour les enfants de deux à cinq ans. Et les bénéfices liés à une consommation de temps d’écran mieux gérée ne se limitent pas seulement aux résultats solaires. Une étude de l’Université de Californie a fait la démonstration que les enfants passant moins de temps devant les écrans se révélaient beaucoup plus aptes à déchiffrer différentes émotions chez l’être humain.

Or, qu’en est-il pour les adultes? Passer trop de temps connecté peut-il impacter négativement sur notre existence? Absolument! disent plusieurs études, et notamment sur la qualité de nos relations interpersonnelles.

Selon Sherry Turkle, spécialiste des médias et professeure émérite au MIT (Massachusetts Institute of Technology), qui a passé cinq années à interviewer des familles, des étudiants, des enseignants et divers employeurs, notre histoire d’amour avec les écrans perturbe nos relations interpersonnelles.

« Même si nous prétendons être en relation comme jamais auparavant grâce aux textos, courriels, « chats » et autres médias sociaux, le fait d’être continuellement distraits par tout et n’importe quoi, et de tout bord tout côté, force est de constater que la qualité de notre écoute s’en ressent et se détériore. » affirme Sherry Turkle. La mitraille de messages numériques à laquelle nous sommes soumis fait qu’on en vient à vite se lasser, à se désintéresser et à s’isoler des conversations, et même si nous blâmons facilement Pierre, Jean, Jacques, le travail ou la famille, et multiplions les savantes excuses, notre entourage, lui, nous croit de moins en moins. Comme de plus en plus d’adultes sont branchés, les interactions avec leurs propres enfants en souffrent aussi.

Catherine Steiner Adair, psychologue clinicienne de Boston, a interviewé des enfants auxquels il était permis de jouer à des jeux vidéo sur leur téléphone pendant les repas alors que leurs parents étaient eux-mêmes accaparés par leur téléphone. Les enfants ont avoué ne pas aimer cette habitude, ce qui est compréhensible car, au lieu de jouir de l’attention normale de leurs parents, ils recevaient à la place un message émotionnellement incertain et distant.

Que faire alors pour réduire cette dépendance à nos écrans? Il n’y a pas lieu de tout casser, mais peut-être de prendre une pause… Il serait indiqué de prendre du recul et de mettre en place quelques règles afin d’éviter que nos relations « en ligne » prennent le dessus sur nos contacts rapprochés de la « vraie vie ».